
Parce qu’avant chaque nouvelle traversée,
il faut un moment pour laisser retomber la poussière du chemin.
Le sac se vide, tout a été vécu.
Le silence et la solitude redeviennent mes compagnons de route.
Ces moments d’entre deux sont des passages.
Ils m’invitent à laisser retomber la poussière du chemin:
celle qui s’est levée dans les tourbillons de l’action, des rencontres, des paysages traversés.
Elle se dépose lentement sur le sol du présent, et dans ce calme revenu, ma voix intérieure recommence à se faire entendre.
J’ai guidé cet été.
J’ai conduit d’autres âmes sur les sentiers, porté le rythme, décidé des directions.
Et maintenant, me voilà de retour, un peu perdue, un peu vide…et pourtant, dans ce vide, quelque chose veille.
Sous la fatigue, sous l’absence de repères, il y a quelque chose qui respire.
C’est la Terre, peut-être.
Ou mon âme qui se souvient de ce qu’elle aime quand tout s’arrête.
Je n’ai plus rien à prouver ni produire, ni faire.
Juste être là, redevenir poreuse au silence, à la solitude.
Mes pas se taisent.
Ça semble immobile pourtant tout se transforme là.
Haltes où la magie du Vivant agit en profondeur.
Ce que j’ai transmis aux autres sur les chemins continue de s’infuser en moi, différemment, plus doucement.
Je comprends que guider, c’est aussi savoir s’abandonner au retour.
Laisser la vie reprendre la main, sans chercher à la diriger.
Bientôt, je reprendrai la marche, autrement.
Plus ancrée, plus consciente du fil qui relie la solitude à la présence, le sauvage à l’humain.
Mais pour l’instant, je me laisse traverser.
Je me laisse redevenir terre.
Et… dans cette poussière qui retombe, je me retrouve.
