Encabannée

Il y a quelque chose de particulier dans le fait d’être « encabannée »

Isolement et chaleur.

C’est rester quelques jours dans une cabane perdue au cœur de la forêt, où tout devient plus simple, plus vrai.

Beaucoup auraient peur d’être là, seules, surtout une femme.

Dans cette cabane, je me sens bien.

Bien au chaud, comme dans un cocon silencieux.

C’est une protection primitive, comme si la forêt me refermait doucement entre ses bras.

Là, je suis bien.

Et pourtant…

Dès que j’ouvre la porte, que je fais un pas dehors, une peur revient.

Pas la peur des animaux, ni de la nuit, non.

La peur d’être vue.

La peur qu’un chasseur, ou quelqu’un, me surprenne là, seule.

C’est une peur discrète mais tenace: celle d’apparaître.

D’être exposée.

D’être observée dans ma solitude, dans mon intimité.

En fait, cette peur dépasse largement la forêt.

C’est bien plus vaste que ça.

La peur d’être vue.

Parce qu’être vue, c’est être reconnue, découverte, jugée même, voire agressée même si ce n’est qu’un regard ou quelques mots badins.

Je peux même dire que ça s’immisce dans ma vie entière, dans mes projets, dans ma manière d’être au monde.

Comme si la forêt révélait ça.

Être encabannée, c’est comme me mettre à l’abri.

Là, je reviens à l’essentiel avant de réapparaître au monde.

D’ailleurs quand je sortirai de la cabane, la forêt me verra avant que quelqu’un me voie!

La forêt me susurra: « Tu peux être vue sans être menacée. »

Être encabannée, finalement, c’est apprendre à se montrer…en commençant par se rencontrer.

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