Il y a des présences qui nous accompagnent depuis toujours.
Elles marchent dans nos ombres, veillent sur nous, nous murmurent nos intuitions.
Depuis longtemps, je sens le souffle du loup dans mes pas.
Il y a en moi quelque chose de la louve solitaire, tapie dans son antre, observant le monde avec distance et instinct.
Je connais ses silences, ses élans, sa fidélité farouche.
Le loup, c’est la part de moi qui veille dans l’obscurité, qui protège le territoire invisible, qui sent avant de comprendre.
Il m’a appris à écouter les espaces entre les sons, à sentir les courants du monde plutôt qu’à les analyser.
C’est lui qui m’a appris que la solitude n’est pas isolement, mais espace de reliance profonde à tout ce qui est vivant.

Puis un jour, dans mes explorations plus intérieures, le jaguar s’est approché.
Silencieux, souverain, il me traversait.
Le jaguar est le gardien du passage entre les mondes.
Il enseigne la puissance tranquille, la force enracinée dans le cœur, la lumière contenue dans l’obscurité.
Son regard est un feu noir, une lucidité sans peur.
Avec lui, j’ai appris à marcher dans la nuit sans me perdre, à regarder mes ombres sans détourner les yeux.
Le jaguar n’attaque pas: il révèle.

Et puis, il y a les serpents.
Depuis toujours, ils me fascinent.
Leur mouvement sinueux, leur mue silencieuse, leur contact avec la Terre me parlent d’un cycle éternel de transformation.
Ils sont les gardiens de la connaissance cachée, ceux qui glissent entre les dimensions, ceux qui se dépouillent pour renaître.
Ils m’invitent à changer de peau, à laisser mourir ce qui n’a plus lieu d’être, à danser avec la vie qui se régénère sans cesse.
